Les intermittents du spectacle…
Vous savez, se sont ces gens qui se prétendent artistes ou techniciens, qui gueulent tout le temps, qui sont “toutan en grève”, qui travaillent 43 jours dans l’année et qui profitent des ASSEDIC le reste du temps !
Voilà la façon dont la plupart du temps ils sont décrits !
À la veille de ce nouveau festival d’Avignon ( foire aux esclaves), et alors que leur situation est de plus en plus précaire, il m’a semblé opportun de rappeler leur existence et leur utilité.
Puisqu’Avignon Commence bientôt, c’est bien de se rappeler la grève de 2003 , quand enfin on s’est aperçu de leur poids économique, mais malheureusement cela n’a rien changé à cette fin programmée et difficile de continuer, car pour un artiste…
Faire grève revient à se suicider !
À Avignon off, tout le monde gagne sa vie, les loueurs de théâtres dont certains, pas tous mais certains, sont des Margoulains, les restaurants, les cafés, les hôtels, les campings, les particuliers qui louent, maison, studios, chambres, couloirs, greniers, veaux, vaches, cochons, couvées, etc… La ville, les villages du coin, le département, la région, TOUS sauf les intermittents du spectacle que toutes les personnes et institutions sus-nommées, Pompent, Sucent, Aspirent tels des Vampires Affamés !
Alors cher et grand public, malheureusement souvent trompé par ceux qui veulent leurs peaux, voici ce qu’est, bien souvent, un intermittent.
“L’intermittent se trouve sur le terrain, dans les quartiers, en ville ou il fait du lien social, ou dans nos campagnes, là où la culture n’arrive que grâce à sa présence.
Il fait un travail de fond aussi, dans les écoles, les maisons de retraite ou les associations…
Et même les hôpitaux. ça c’est pour smoul et tous ses p’tits copains comédiens qui font un super boulot pour les enfants malades,…
l’intermittent n’a pas d’horaire et ce n’est pas sa semaine qui fait 35 heures, mais sa journée. Car lui ne compte pas… Il conte…
L‘intermittent travaille tout le temps, car son temps est dans le temps présent… Celui de la réflexion, de la création, de la représentation… Du moment…
Mais comme il ne compte pas son temps, la plupart du temps, ce temps n’est pas compté… Enfin, je veux dire payé… ET comment payer ce que l’on ne peut comptabiliser…???
Alors très, très souvent… Il n’y a que quand il joue et parfois quand il répète que l’on lui compte son temps, sur ce temps, que l’on veut bien lui compter…
Et bien que plus que très souvent, afin qu’il arrive a obtenir ses “43 cachets payés” sur dix mois et demi de l’année, pour qu’il puisse espérer une indemnité, il a dû travaillé… “TOUT LE TEMPS”, même quand il n’était pas payé! Tout au long de l’année !
Mais l’intermittent ne s’en plaint que très rarement…
Il a du mal à s’exprimer quand on lui parle “ARGENT”, “MONTANT”, “RÈGLEMENT”…
Car l’intermittent est fier, rêveur, enthousiaste, généreux, toujours prêt à s’embarquer à l’aventure, pour que vive une histoire, pour que résonne une musique, pour que brille une couleur, une émotion, un sentiment…
Pour venir alimenter vos soirs…
Pour venir alimenter vos nuits…
Pour venir alimenter vos noirs…
Pour venir alimenter vos vies…
Mais de tout ça, le soir, après le spectacle, il ne vous parlera pas…
Car l’intermittent est fragile, pudique, timide…
C’est de sa vie chaque soir qu’il illumine vos vies…
Mais c’est le soir… Le temps d’une représentation… Après… Il retourne dans le noir, souvent dans son placard… Fermer les yeux et se bercer d’espoir…
Celui de vous retrouver…
Celui de vous faire rêver…
Celui de se faire… Aimer…
Celui de ne pas crever…
Mais… Tout ceci à un prix…
ça s’appelle… LA LIBERTÉ !”
Alors, la prochaine fois que vous croisez un intermittent… Surtout… Ne le plaignez pas…
Non, il n’apprécierait pas…
Approchez-vous de lui, car il ne mord pas…
Dites lui tout simplement…
Merci…
ça l’encouragera !
…
Effrayant non ?